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La Chine muselle les militantes du droit au logement à l'approche de l'Expo 2010

China silences women housing rights activists ahead of Expo 2010, SHANGAI, june 2010

Shen Peilan (left), Mao Hengfeng (middle) and Jin Yuehua (right)

L'Exposition universelle de 2010, qui ouvre ses portes dans la ville de Shanghai, en Chine, samedi 8 mai, est consacrée au thème d'une meilleure urbanisation (« Better city - better life » ). Toutefois, ce slogan sonne creux pour plus de 18 000 familles, expulsées de chez elles afin de laisser place à cette vitrine chinoise de la technologie et de l'innovation mondiales.

Jin Yuehua , qui réside à Shanghai, compte parmi les nombreuses militantes qui font campagne pour les droits au logement d'autrui. Les autorités chinoises l'ont prise pour cible en raison de ses activités en faveur des droits humains.

Depuis la fin du mois de février, de nombreuses militantes sont placées sous surveillance ou en détention pour les empêcher de protester ou de parler à des journalistes à l'approche de l'Expo 2010. Après le 1er mai, les mesures de sécurité seront renforcées.
« Ma maison est surveillée par un policier en uniforme et quatre agents de sécurité municipaux depuis un mois. Je ne peux pas sortir pour faire mes courses ni rencontrer mes amis », a raconté Jin Yuehua à Amnesty International.
Elle fait partie d'un groupe de militantes du droit au logement de Shanghai, qui ont pour la plupart la cinquantaine ou la soixantaine, et sont maltraitées, harcelées, voire emprisonnées, parce qu'elles prennent part à la vague de défense contre les expulsions.
Le rêve de Jin Yuehua d'envoyer son fils unique à l'université a été réduit à néant la nuit où son magasin d'appareils électriques du district de Minhang a été démoli par des promoteurs immobiliers. Son recours contre cette démolition n'a jamais été examiné.
En 2004, elle s'est mise à recueillir des informations sur les cas de personnes ayant perdu leur logement et leurs moyens de subsistance dans des circonstances similaires et à adresser des lettres de pétition au gouvernement.
« Le district de Minhang était le dernier quartier de Shanghai en construction. Il y a seulement deux semaines, des gens étaient encore battus et des os brisés parce que les habitants du district de Minhang refusaient de partir », a expliqué Jin Yuehua.
Les autorités du gouvernement local ont harcelé Jin Yuehua en raison de ses activités militantes. Elle a été détenue à maintes reprises et placée en résidence surveillée. Cela n'a fait qu'aggraver sa situation économique et son fils a finalement dû arrêter ses études au lycée.
L'Exposition universelle 2010 est la foire internationale la plus vaste et la plus chère de tous les temps, avec plus de 190 pays représentés et quelque 100 millions de visiteurs attendus.
Les expulsions forcées massives ont débuté à Shanghai en 2000. À partir de 2005, le bureau de coordination de l'Expo 2010 de Shanghai a commencé à reloger près de 20 000 personnes vivant sur le site central de la ville qui devrait être utilisé pendant les six mois seulement que durera cet événement. Selon ses propres chiffres, 18 000 familles ont été déplacées.
Shen Peilan , habitante du district de Minhang, a été placée en détention à une centaine de reprises depuis 2000.
« Pas moins de 3 000 familles sont victimes des démolitions dans ce district. Elles sont si démunies que beaucoup n'ont pas d'abri. Certaines louent une toute petite pièce dépourvue de toilettes. Je ne supporte absolument pas de voir des gens vivre comme ça, sans même protester », a-t-elle expliqué à Amnesty International.
Mao Hengfeng a été arrêtée à maintes reprises par les autorités parce qu'elle défend les droits des femmes en matière de procréation, ainsi que les victimes d'expulsions forcées.
Elle a été astreinte à une période de 18 mois de « rééducation par le travail » le 4 mars 2010 pour avoir participé à une manifestation pacifique visant à soutenir le défenseur des droits humains incarcéré Liu Xiaobo.
« À quoi ça sert que quelques-uns d'entre nous vivent bien et se taisent pendant que le gouvernement continue de bafouer les droits fondamentaux de nos concitoyens, engendrant de plus en plus de familles brisées et de misère et repoussant les gens hors de la ville pour livrer leurs terres à de riches hommes d'affaires ? Beaucoup de ceux qui cherchent à s'appuyer sur la loi pour obtenir justice s'exposent à être incarcérés et torturés en détention. Nous ne demandons pas un arrangement personnel, mais la justice générale », a affirmé Mao Hengfeng.
Duan Chunfang et son frère ont commencé à déposer des requêtes auprès des autorités après la démolition de sa maison en 2000. Ils ont été roués de coups par les policiers en 2006 et son frère, Duan Huimin, a été astreint à 13 mois de « rééducation par le travail ». Il est mort deux jours après sa remise en liberté, semble-t-il en raison des blessures qui lui ont été infligées lorsqu'il a été torturé en détention.
Duan Chunfang purge actuellement une peine de 18 mois d'emprisonnement pour « obstruction à des projets officiels ». Elle n'est pas autorisée à recevoir des soins médicaux pour ses problèmes cardiaques et sa santé se détériore. Selon sa famille, Duan Chunfang est battue en détention.
En mars 2010, Shen Peilan a été incarcérée dans le centre de détention de la police où Duan Chunfang est maintenue en détention illégale.
« Elle est tellement malade. Il fait si froid là-bas, les vents glacés s'engouffrent dans sa cellule et elle souffre de migraines qui l'empêchent d'ouvrir les yeux. Les policiers ont ôté toutes les fermetures éclair et les boutons de ses vêtements, alléguant qu'il s'agit de l'empêcher de cacher un objet dangereux. Comment une femme d'âge mûr et en si mauvaise santé peut-elle constituer une telle menace pour les autorités ? » s'est interrogée Shen Peilan.
Amnesty International engage le gouvernement chinois à libérer les militantes du droit au logement Duan Chunfang et Mao Hengfeng, et à mettre un terme au harcèlement que subissent d'autres militantes, dont Shen Peilan et Jin Yuehua.
« Le coût en termes humains et les traumatismes liés aux expulsions forcées que subissent les individus, les familles et les communautés sont difficiles à surmonter. Les expulsions forcées touchent le plus souvent les groupes marginalisés, notamment les femmes, a indiqué Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d'Amnesty International.
« Les nouvelles constructions ne sauraient escamoter l'injustice des expulsion forcées ni les mauvais traitements infligés aux militantes du droit au logement.
« Les autorités chinoises doivent garantir aux propriétaires les protections inscrites dans le droit chinois et cesser de sanctionner les militantes qui cherchent à obtenir des compensations appropriées et à protéger les droits. »

Amnesty International

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