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Des dizaines de millions d'hectares de terres agricoles perdus chaque année, affirme le Rapporteur des NNUU

Chaque année, jusqu'à 30 millions d'hectares de terres agricoles sont perdus en raison de la dégradation de l'environnement, de la conversion de ces terres à des fins industrielles ou de l'urbanisation croissante, selon un rapport d'expert rendu public jeudi.
Selon ce document, l'expansion des agro carburants et la spéculation sur les terres agricoles ont exacerbé cette tendance qui a des conséquences dramatiques pour des centaines de millions d'agriculteurs, de pêcheurs et de communautés autochtones.
« Aujourd'hui, 500 millions de petits agriculteurs souffrent de la faim, en partie parce que leur droit de propriété sur des terres sont remis en cause », a expliqué le Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, lors de la présentation de ce rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU.

« Alors que la population rurale croit et que la concurrence avec de grandes exploitations industrielles se renforce, les parcelles cultivées par des petits exploitants diminuent d'année en année et les agriculteurs se retrouvent à cultiver des sols arides, des collines ou des terres sans irrigation. Cela pose une menace directe pour le droit à l'alimentation des populations rurales », a-t-il ajouté.

Olivier De Schutter  a pris l'exemple de l'Inde, où la taille des exploitations moyennes est passée de 2,6 hectares en 1960 à 1,4 hectare en 2000 et continue de décliner, ainsi que celui de l'Afrique orientale et australe, où la superficie des terres cultivées par habitant a diminué de moitié en une génération.

Le rapport montre en effet que la combinaison de la dégradation de l'environnement, de l'urbanisation et des acquisitions de terres à grande échelle par des investisseurs étrangers forme « un cocktail explosif », à mesure que la pression sur les terres cultivables augmente à un rythme sans précédent.

« Au niveau mondial, 5 à 10 millions d'hectares de terres agricoles sont perdus chaque année en raison de grave dégradation et 19,5 millions autres hectares sont perdus pour les usages industriels et l'urbanisation », a poursuivi Olivier De Schutter , soulignant que « la pression sur les terres résultante de ces facteurs avait été renforcée ces dernières années par des politiques favorisant les grandes plantations industrielles ».

« Chaque année, les investisseurs se montrent intéressés par l'acquisition de plus de 40 millions d'hectares de terres agricoles, souvent pour la production d'agro-carburants, un des principaux moteurs derrière la récente vague d'acquisitions de terres à grande échelle », met encore en évidence le rapport, qui reprend des statistiques de la Banque mondiale.

Toujours selon ce rapport, « même les mesures adoptées pour atténuer le changement climatique ou renforcer la conservation de l'environnement ont augmenté la pression sur les terres agricoles ». « La plantation de forêts afin de bénéficier de mécanisme de développement propre a parfois conduit à des expulsions, contre lequel les populations locales concernées ne sont pas suffisamment protégées », stipule le document du Rapporteur spécial.

« Toutes ces évolutions ont un impact énorme sur les petits exploitants, les peuples autochtones, des éleveurs et des pêcheurs qui dépendent de l'accès à la terre et l'eau pour leur subsistance », a ajouté Olivier De Schutter , qui estime que « plutôt que de se concentrer sur le renforcement des droits des propriétaires fonciers, les États devraient encourager les systèmes de propriété collective, les régimes fonciers coutumiers et les lois sur les baux qui doivent être améliorées pour la protection des utilisateurs des terres ».

Le Rapporteur spécial démontre aussi dans son rapport qu'une « répartition plus équitable des terres est souhaitable tant pour des raisons d'efficacité et d'équité, que pour des raisons liées au potentiel particulièrement fort pour la croissance économique, à l'autonomisation des femmes et à la réduction de la pauvreté rurale ».

« Malheureusement, le sentiment d'urgence concernant la redistribution des terres a diminué, en raison de l'idée de nombreux responsables politiques selon laquelle des améliorations de la productivité grâce aux technologies représentent une alternative moins litigieuse à la réforme agraire », a-t-il conclu. « C'est une erreur tragique. Etant donné les menaces posées aujourd'hui par les acquisitions de terres à grande échelle, la meilleure façon de garantir le droit à la terre et le droit à l'alimentation est justement de démocratiser et de sécuriser l'accès à la terre au profit des petits exploitants. »

UN News Center

 

Rapport du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation: priorité aux modèles de développement n’entraînant pas d’expulsions

Résumé

L’accès à la terre et la sécurité d’exploitation sont indispensables pour pouvoir jouir du droit à l’alimentation. Le présent rapport étudie les menaces que représentent les pressions croissantes sur la terre pour trois catégories d’utilisateurs de terres : les populations autochtones, les petits exploitants et les groupes spécifiques comme les bergers, les pasteurs et les pêcheurs. Il explore la façon dont les États et la communauté internationale pourraient mieux respecter, protéger et réaliser le droit à l’alimentation en reconnaissant davantage la terre comme un droit humain.

Le présent rapport fait valoir que si la sécurité d’exploitation est primordiale, les titres individuels de propriété et la création d’un marché pour les droits fonciers peuvent ne pas représenter les meilleures façons d’y parvenir. Le rapport suggère au contraire que le renforcement des systèmes fonciers habituels et des droits de propriété pourraient améliorer de manière significative la protection des utilisateurs de terres. S’appuyant sur les leçons tirées de plusieurs décennies de réformes agraires, ce rapport souligne l’importance de la redistribution des terres pour réaliser le droit à l’alimentation. Il indique également que la priorité devrait être accordée aux modèles de développement n’entraînant pas d’expulsions, de modifications perturbatrices en matière de droits fonciers ni de développement de concentration foncière.

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