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Expulsions massives dans la banlieue de Moscou : les habitants menacent de s’immoler

Le 21 janvier, en pleine nuit, les forces de l’ordre ont commencé l’assaut du village de datchas (habitations de campagne) « Rechnik », dans la banlieue ouest de Moscou. Les habitants (autour de 2000 personnes), qui luttent depuis des mois pour la reconnaissance de leur droit à la propriété de leurs terrains et habitations, faisaient la garde à l’entrée du lotissement et ont rapidement organisé la résistance. Ils ont érigé des barricades et appelé à l’aide les organisations d’autodéfense des habitants d’autres quartiers de Moscou.

Expulsions massives dans la banlieue de Moscou : les habitants menacent de s’immoler

Manifestation à Moscou contre les expulsions

La police a réagi en tentant de disperser les habitants et en arrêtant plus d’une vingtaine de personnes.

Pendant ce temps, les bulldozers sont arrivés et la démolition des maisons a commencé. La bataille rangée dure jusqu’à présent, malgré les promesses des autorités municipales qui se sont engagées il y a quelques jours à geler temporairement le processus d’expulsions forcées. Une vingtaine de maisons ont déjà été rasées.

Les défenseurs de « Retchnik » montent la garde quotidiennement, organisent campements et campagne de presse. En signe de solidarité avec les habitants, deux actions ont été organisées à Moscou même : le 29 janvier un défilé de voiture dans les rues centrales de la capitale et, le 31 janvier, un rassemblement sur le Boulevard « Tchisty Prudy » auquel ont participé quelques centaines de personnes. Même la Chambre civique fédérale a pris position en faveur des habitants contre la Mairie de Moscou.

L’affaire fait grand bruit dans tout le pays. Comment peut-on jeter ainsi à la rue un millier de personnes, en plein hiver (il fait - 20 °C à Moscou en ce moment), alors que beaucoup d’habitants n’ont pas d’autres lieux de résidence.

Expulsions massives dans la banlieue de Moscou : les habitants menacent de s’immoler

Résistance contre les démolitions dans la banlieue de Moscou

Certes, cette fois-ci du moins, la Mairie peut se justifier d’une décision de justice en sa faveur et peut même faire semblant de veiller au respect de la loi. « Retchnik » est situé dans une zone écologiquement protégée des bords de la Moskova et appartient théoriquement à la municipalité depuis 1998. Le terrains avaient été donnés en 1952 par l'Etat soviétique aux grands-parents des habitants actuels, avec le droit de ne construire que des cabanes de jardin. Mais combien de cabanes, dans tout le pays, se sont transformées en maisons, la crise du logement aidant ? Le pouvoir fédéral a même déclaré « l’amnistie des datchas » et permis la légalisation de toutes ces cabanes en propriétés immobilières et foncières reconnues.

Le Maire de Moscou, Iouri Loujkov, voit les choses autrement... Pour une fois, pour lui, « la loi est la loi ». Mais pas pour tous. A quelques pas de là, les habitants de « l'Ile aux fantaisies », un lotissement de luxe sorti de terre il y a moins de dix ans, ne sont pas visés par les expulsions. Y ont construit leurs villas de hauts fonctionnaires de l'Etat et des oligarques influents. La Mairie n’y voit rien à redire.

Expulsions massives dans la banlieue de Moscou : les habitants menacent de s’immoler

Démolitions dans la banlieue de Moscou – 20°, janvier 2010

Les habitants de « Retchnik » ont donc des raisons d’être en colère. Certains – ceux pour qui les « datchas » constituent l’unique logement – sont au bord du désespoir. Ainsi, Alexandre Navrotski, un officier à la retraite, menace depuis des jours de s'immoler par le feu et s’est barricadé dans sa maison,accompagné de sympathisants. Un bidon d’essence à portée de main, il attend les bulldozers de pied ferme...