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Une "carte du sang" de l'immobilier chinois chronique la violence des démolitions forcées

C'est une "carte du sang"  de l'immobilier chinois, qui répertorie les incidents violents auxquels ont donné lieu des expulsions en Chine. Créé par un internaute chinois sur le logiciel Google Map , le site , consacré "à toutes les existences qui ont pâti de l'ultra-rapide processus d'urbanisation chinoise" , a été visité plus de 350 000 fois depuis sa création le 8 octobre.

Une version ouverte de la carte est modifiable par des contributeurs, sur le modèle de Wikipedia. L'auteur, qui a pris le pseudonyme de Xuefangditu, ou "carte de sang de l'immobilier" , incite les internautes à "refuser d'acheter les logements où le sang a coulé" .

L'usager peut zoomer avec précision sur la carte pour voir le lieu exact de l'incident, indiqué par un petit dessin. Des flammèches signalent par exemple les cas où des propriétaires se sont immolés par le feu, une forme extrême de protestation qui a plusieurs fois défrayé la chronique en Chine ces derniers mois. Le croquis d'un lit d'hôpital indique mort d'homme. Un volcan signifie une manifestation de masse, et un point d'interrogation, que les faits relatifs à l'incident sont toujours incertains.

En cliquant sur chacun des évènements répertoriés, on peut lire les détails de l'affaire, et les liens qui renvoient à d'autres sources.

Ainsi, un "volcan"  en date du 18 septembre, signale un conflit qui a dégénéré entre des policiers et les habitants d'un district de la ville de Huazhou, dans la province du Guangdong, après que le gouvernement local a envoyé 400 policiers pour chasser les villageois de leurs terres. Ceux-ci s'en sont pris aux vieux, aux femmes et aux enfants, déclenchant la colère des gens, rapporte l'internaute Xiaobing20100802, via le service de micro-blog chinois Weibo. Une dizaine de villageois ont été blessés, dont un certain nombre gravement.

Un lit d'hôpital, en date du 8 avril 2010, renvoie à la mort du directeur de la commission de construction, au sein d'un district de la ville Fushun, dans le Liaoning. Le fonctionnaire, chargé de la démolition, a été assassiné à l'arme blanche par Yang Yi, le propriétaire d'une "maison clou" , appelée ainsi car il refusait de bouger. 600 habitants du quartier ont signé une lettre pour demander que les autorités soient clémentes vis à vis du criminel, jugé le 27 octobre. Quatre ans auparavant, les démolisseurs avaient battu à mort le fils du voisin de Yang Yi, âgé de 24 ans.

L'histoire de Tang Fuzhen

Le 11 octobre, dans le village de Jinjiang, près de Changsha, une femme nommée Li Qiuxiang, âgée de 41 ans, et désespérée par la démolition forcée de sa maison s'est jetée dans la rivière Xiang. Elle a survécu, mais est ensuite aller voir la société de démolition pour protester contre la faiblesse des compensations qu'on lui avait attribuées. Elle a avalé des pesticides en présence du directeur, Xie Juemin . Elle est morte à l'hôpital dans la nuit du 17 octobre. Les autorités du district ont proposé 420 000 yuans (42000 euros) d'indemnités à son mari pour clore l'affaire du suicide, et 280 000 yuans (28 000 euros) pour la maison, ont rapporté l'avocat Xu Zhiyong et le journaliste Deng Fei .

Le 20 août 2010, à Kunming, dans le Yunnan, He Yuqiong, une femme qui résistait aux démolisseurs avec mère dans leur "maison clou"  de Kunming, une résidence de 6 étages que la famille avait construite, a fait exploser une bouteille de gaz. Une dizaine de personnes sont été blessés. He Yuqiong est décédée des suites de ses blessures le 14 septembre. L'incident est rapporté par l'internaute Xiaoyan.

Le 13 novembre 2009, Tang Fuzhen , 47 ans, s'est elle couverte à trois reprises d'essence sur le toit de sa maison dans la périphérie de Chengdu alors que les démolisseurs pénétraient dans sa maison et rouaient de coups sa sœur et son mari. Elle leur avait crié de s'arrêter. Avant de s'immoler. Elle mourut à l'hôpital, deux semaines plus tard, après d'atroces souffrances.

Le fait divers provoqua une vive émotion en Chine. Sur la carte, on peut voir en cliquant sur l'icône de l'incident, des photos de Tang Fuzhen, ainsi qu'une vidéo , où, sur l'air d'une chanson révolutionnaire qui exalte les héros de l'armée de libération, défilent des images de l'incident et de la maison. La famille avait accroché aux fenêtres une grande banderole, sur laquelle était écrit : "nous vivrons avec notre maison, ou nous mourrons avec elle" .

Le journaliste américain Roger Cohen  du New York  Times  s'était à l'époque rendu sur place et avait raconté, dans A Woman burns , l'histoire de la famille : Tang Fuzhen et son mari avait créé il y a une dizaine d'années, avec la bénédiction du gouvernement local, une petite entreprise de confection. Ils avaient mis une grande partie de leurs économies dans la maison, dont les étages inférieurs abritaient l'atelier. Jusqu'à ce qu'en 2010, les autorités locales décident de construire une nouvelle route dont la tracé passait par la maison des Tang…

Le Monde.fr

Lugar para o qual este artigo se aplica

Keywords

carte , Expulsions , conflits

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